Saxifrage  : «  Mémoires d’une fleur  »  ; quelques citations

J’ai acheté ce livre après qu’une dame le sorte d’une gondole d’affichage bien fournie pour le montrer à son mari, a priori pour l’offrir à leurs fille.

Un hasard, donc, que ce livre parle de Chine, de poésie et de bien plus encore et que cette dame se soit trouvée à côté de moi à ce moment là.

p. 49  :

Il est aisé de se convaincre de notre sincérité alors qu’elle n’est qu’un masque pour cacher notre hypocrisie.

p. 81  :

Et plus leurs textes étaient anciens, plus ils étaient pris pour une vérité intangible, comme si l’ancienneté leur conférait le sceau d’une soi‑disant vérité que l’on ne peut pas remettre en question, alors qu’il ne s’agit que d’idées.

Très peu d’hommes, englués dans leur savoir, étaient capables de voir qu’il y avait dans les ouvrages qu’ils considéraient comme sacrés que des idées intéressantes qui pouvaient être utiles dans des situations données, et que tous ces penseurs, dont ils faisaient des dieux, n’étaient que des hommes comme eux, donc impuissants à trouver la clé de l’univers. La seule compréhension accessible nécessite de s’appuyer sur le monde tel qu’il est aujourd’hui, et qui n’est ni celui d’hier, ni celui de demain. Ces livres que l’on respecte au point d’en abandonner sa liberté de penser et de déposer son intelligence dans une armoire font passer des hypothèses pour des certitudes, et veulent imposer des généralités. Or les généralités sont toujours fausses parce qu’elles sont des généralités. La souplesse du corps donne la grâce à nos mouvements et la souplesse de l’esprit permet de suivre les méandres de la réalité.

p. 90  :

«  […] Lorsque je peins un paysage, ou tout autre sujet, ce n’est finalement pas le paysage que je peins, je peins ce que je pense au lieu de le dire par des mots. Une peinture est l’union d’une réalité et d’une pensée. Il en est de même en calligraphie. Celui qui la regarde ne lit pas le texte, il lit qui je suis.   »

p. 100  :

Il est étonnant à quel point le ton, le rythme de la phrase sont importants. Mais rechercher à s’exprimer d’une façon originale sans avoir rien de bien intéressant à dire est un effort vain. Ce qui constitue la littérature est un point d’équilibre entre ce qu’on veut écrire et la façon de l’écrire, qui doit attirer comme l’aimant attire le fer. Mais ce point d’équilibre doit venir naturellement sans que l’on se force à le créer. Au fond, la littérature est comme les femmes  : elle aime se donner à ceux qui ne lui courent pas après.

p. 111  :

Me séduisait en lui cette force contenue, alors que tant d’hommes assimilent force et violence, alors que la violence est un aveu de faiblesse.

p. 147  :

J’en conclus seulement que l’amour peut être un sentiment dangereux, mais qu’il demeure, malgré les drames et souffrances qu’il génère, ce qui vaut à la vie d’être vécue.