Je me permets, avec autorisation de l’auteure, de reproduire ici un de ses poèmes. L’exercice consistait à réciter un des Spleen de Baudelaire, un texte similaire, ou écrire un poème qui reprendrait des structures similaires.
Elle a décidé de jouer le jeu, tout en ajoutant sa dose de critique… Et je dis « chapeau bas »… Qu’il y en ait d’autres comme ceci !
M’étais venue l’idée de faire comme Baudelaire ;
Écrire mon désespoir dans des mots romantiques,
Et transformer mon mal en un poème épique,
Où douleurs et tristesses, gracieuses, ont pris l’air
D’une douce tourmente à la beauté tragique.
Mais je n’y parvins pas, car mon cœur réticent
Me montrait l’hypocrisie d’un tel jugement,
Qu’y‑a t’il, dites‑moi, de si majestueux
Dans l’angoisse traîtresse, celle qui prend aux entrailles,
Qui transforme le visage en un masque hideux,
Qui fait vomir, pleurer et qui laisse des entailles
Dans l’esprit et la dans la chair des plus malheureux ?
Qu’y‑a t’il de si beau dans l’atroce douleur
Et dans la lassitude la plus exacerbée,
L’absence de sentiment, la haine et puis la peur ?
Je ne vois nulle beauté dans tes yeux ravagés,
Quand les traits sont tirés, que la peau est blessée,
Que les membres tremblent et que l’esprit est perdu,
Le mot « spleen » semble bien faible pour qualifier
La dureté des faits, implacables et crus.
Que dire du spleen moderne, la perte de contrôle,
Le burnout du corps comme celui de l’esprit
D’une âme qui bien que jeune est lasse de la vie ?
Ce n’est pas poétique, cassez un peu les rôles.
L’angoisse de nos jours n’est ni noble ni belle,
Et tous vos jolis mots n’expriment pas le réel.
-- C3Pn ; 23 décembre 2018