citations de papillotes  ; 2019

Chaque baiser est un tremblement de terre.

-- Lord Byron

Sabot qui brille n’est pas toujours celui qui chausse le mieux.

-- Proverbe français

Le savant est fier d’avoir tant appris  ; le sage est humble d’en savoir si peu.

-- William Cowper

Nul devoir n’est plus sous‑estimé que celui d’être heureux.

-- R. L. Stevenson

Je crois beaucoup en la chance, et je constate que plus je travaille, plus elle me sourit.

-- T. Jefferson

La franchise ne consiste pas à dire tout ce que l’on pense mais à penser tout ce que l’on dit.

-- Proverbe tchadien

Si les chats portaient des gants, ils n’attraperaient pas de souris.

-- Proverbe hindou

«  Atomic Bomb  »  ; morceaux choisis…

David Calvo & Fabrice Colin : "Atomic Bomb"

[…] Collins me donna un coup de coude dans les côtes.

«  Ne te retourne pas.

— Pourquoi, qu’est-ce qu’il y a  ?

— Le dauphin… il nous a suivis.  »

Une goutte de sueur froide me glissa dans le dos. Ainsi, ils étaient au courant  : les Dauphins étaient au courant. De toute évidence, ces enculés ne nous laisseraient pas réveillonner tranquille. on n’avait pas le choix. Il fallait les éradiquer.

«  Où est-il  ?

— Déguisé en agent de la sécurité.  »

Je tournai la tête. Effectivement, ce bâtard était là, à nous lorgner. Il avait vraiment une sale gueule de mammifère marin.

«  Comment on fait  ?  » me demanda Collins, en se rongeant les ongles.

«  J’ai un plan  : tu fais diversion sur la scène, et moi, je lui saute dessus et je l’égorge avec ça.  »

Je sortis mon ouvre‑boîtes. Les yeux de Collins scintillèrent, et je hochais la tête dans sa direction. Il commença à bouger vers la scène. En le voyant s’éloigner, je me demandais comment nous avions pu nous comprendre avec tout ce boucan dans nos oreilles. Frankie chantait en faisant du scat, sa main allait et venait entre chaque mot, et, l’espace d’un instant, je crus reconnaître l’air d’une chanson que nous avions composée, Collins et moi, dans une chambre d’hôtel de Madagascar, en plein trip d’éther. Ça ne m’étonnait pas  : Collins et moi sommes des génies. Nos idées, en libre circulation sur les fleuves de l’inconscient collectif depuis que les drogues ont remplacé nos cellules, forcent l’imaginaire des plus grands. Le beat, c’est nous. La défonce, c’est nous. Le surf-rock, pff. Dans ses rêves de grandeur, Aldous Huxley nous mange dans la main.

Les doigts serrés sur mon ouvre‑boîtes, j’évoluais dans la foule mouvante, les yeux fixés sur ma proie. Le dauphin ne bougeait pas. Ses nageoires croisées, il regardait les barrières qui séparaient le public de la scène. Des fois, son bec dodelinait sur la musique. Puis Collins passa à l’action. Sautant par‑dessus la barrière, il bondit sur la scène, un garde du corps sur les talons. Je fonçai à mon tour et, prenant appui sur la barrière, me propulsais sur le dos du dauphin, qui se débattit pour me faire tomber. sur scène, Collins slalomait entre les musiciens. Plusieurs gardes du corps lui tombèrent dessus, mais il parvint à s’échapper. Le dauphin gesticulait et me poussait contre l’estrade pour me faire mal. Mais je tins bon  : je lui enfonçai ma lame dans le cou. Collins donnait des coups de pied dans les enceintes et narguait les gorilles en montrant son cul. La diversion avait l’air de fonctionner  : les types de la sécurité montaient sur scène, sous les vivats déchaînés de la foule, et Frankie, qui avait fermé les yeux, continuait de chanter. Tout ça commençait à devenir très intéressant. Le dauphin hurlait et se débattait, et Collins criait  : «  Vive Frankie  !  » en arrachant des instruments. Renversant barrière et gardes du corps, les jeunes montèrent sur scène à leur tour pour danser et se jeter dans la fosse, sur le ventre. Dans un dernier râle, alors que je touillais ce qui lui restait de cou, le dauphin s’écrasa dans l’allée, sans un souffle.

«  Et dis à ta copine la baleine de nous laisser tranquilles  !  » hurlai‑je, hors de moi. […]


[…] Nous sommes une race supérieure.

— Ah ouais  ? a rigolé notre copain. Supérieure en quoi  ?

— En tout, j’ai dit. Sans vouloir vous vexer, vous n’êtes jamais allés plus loin que votre propre satellite, alors que nous naviguons depuis des éons dans les méandres de l’espace‑temps. Votre NDT est risible.

— Bien dit renchérit Valk.

— Notre quoi  ?

— NDT. Niveau de Développement Technologique.

— Peut-être bien, a admis notre conducteur. Mais vous savez faire le chocolat aux noisettes  ?

On a fait signe que non, et ils nous a filé deux barres. Puis deux autres. Et encore deux autres. On a fini par admettre que nos deux civilisations était à peu près équivalentes.


— Ouais. Les Américains, ils s’en foutent du Japon. Les Japonais, ils vendent des Pokémon aux Américains pour se venger de la bombe atomique, et ça les fait bien rigoler. Seulement, qui c’est qui trinque dans l’affaire  ? C’est nous. Nous, les rats et les souris.

— Tu crois  ?

— C’est sûr ! D’où tu crois qu’ils viennent les Pokémon  ? C’est rien que des rats et des souris transformés par les types de Nintendo, c’est des vrais malades mentaux. […]

— Alors je vais te dire : il n’y a pas de Souris Noire ou de Main du Destin. Y a pas non plus de Bouddha ou de Jésus ou de conneries comme ça. Tout ça, c’est des trucs pour embobiner les gens. […]

«  On va aller faire exploser ces enculés de Nintendo  », j’ai dit. «  C’est la seule solution.  »

Spleen moderne

Je me permets, avec autorisation de l’auteure, de reproduire ici un de ses poèmes. L’exercice consistait à réciter un des Spleen de Baudelaire, un texte similaire, ou écrire un poème qui reprendrait des structures similaires.

Elle a décidé de jouer le jeu, tout en ajoutant sa dose de critique… Et je dis «  chapeau bas  »… Qu’il y en ait d’autres comme ceci  !

M’étais venue l’idée de faire comme Baudelaire  ;
Écrire mon désespoir dans des mots romantiques,
Et transformer mon mal en un poème épique,
Où douleurs et tristesses, gracieuses, ont pris l’air
D’une douce tourmente à la beauté tragique.

Mais je n’y parvins pas, car mon cœur réticent
Me montrait l’hypocrisie d’un tel jugement,
Qu’y‑a t’il, dites‑moi, de si majestueux
Dans l’angoisse traîtresse, celle qui prend aux entrailles,
Qui transforme le visage en un masque hideux,
Qui fait vomir, pleurer et qui laisse des entailles
Dans l’esprit et la dans la chair des plus malheureux  ?

Qu’y‑a t’il de si beau dans l’atroce douleur
Et dans la lassitude la plus exacerbée,
L’absence de sentiment, la haine et puis la peur  ?
Je ne vois nulle beauté dans tes yeux ravagés,
Quand les traits sont tirés, que la peau est blessée,
Que les membres tremblent et que l’esprit est perdu,
Le mot «  spleen  » semble bien faible pour qualifier
La dureté des faits, implacables et crus.

Que dire du spleen moderne, la perte de contrôle,
Le burnout du corps comme celui de l’esprit
D’une âme qui bien que jeune est lasse de la vie  ?
Ce n’est pas poétique, cassez un peu les rôles.
L’angoisse de nos jours n’est ni noble ni belle,
Et tous vos jolis mots n’expriment pas le réel.

-- C3Pn ; 23 décembre 2018

Notes de carnet  ; miroirs

Je pense aux ouvriers dont le rôle est de casser des miroirs pour obtenir cet effet brisé, tellement prisé…

Tel le bagnard qui n’a plus rien à perdre, ils comptent les années de malheur…

Sept ans de malheur…

Quatorze ans de malheur…

Vingt‑et‑un ans de malheur…

Africa - August 2012

Here are some long overdue notes and photos from our trip to East Africa…

5th

Some quotes from The Best Exotic Marigold Hotel, seen on the plane:

The only real failure is the failure to try.

Everything will be all right in the end, and if it’s not all right, then it’s not yet the end.

6th

Some words in Swahili learned on the way (with probably very approximate spelling):

  • Tafavele: Please
  • Maisha Malefu!: Cheers!
  • Bore: Sorry
  • Wahili: Goodbye
  • Safiri Salama: Nice Journey
  • Amani: Peace
  • Habari Gani?: How are you?
  • Sasa: now (Bore bore sasa: Sorry sorry now)

We encountered some wild monkeys on the side of the road, along with some zebras, and a flock of weavers which came out of nowhere in front of the car. Some kind of dolphins on our long journey?

More words:

  • Jambo bwana: Hello mister
  • bibi: miss
  • musichana: girl
  • kijana: boy
  • wote!: all! everybody!

Although Kenya seems to be a succession of “corridor cities” fitted to the roads (with mind blowing sceneries in between), one can see numerous ongoing construction work to improve roads, drains, etc.

Like many other countries, Kenya seems to be the victim of corn farming, where there traditionally used to be beans.

  • Andelea hiviyo!: Godspeed!

7th

When we arrived in Kampala, the valley was covered with a scattered smoke. Following my question to the driver, it seems the inhabitants of the area were burning their trash.

8th

“Colours”, like Kali would say… From the colours of their dresses to the Photoshopped‑like bright colours of the trees. Blues, reds, fuchsias, yellows… and this red coming from the Earth. People of colour, for sure, but not the colours we’re used to hear about.

10th

Kigali Genocide Memorial

A big shock to the heart and the soul… Tears were warm.

A tree can only grow straight again when it’s young.

— cultural saying

The Génocidaires had been more successful in their evil aims than everyone would have dared to believe. Rwanda was dead.

Education became our way forward.

Feeling about Rwanda

It seems like Rwanda spends a lot of energy to rebuild itself, trying as much as they can to create an environment with norms and respect (traffic, education…).

The presence of armed military personnel doesn’t seem to disturb people living in Kigali; the opposite for the tourists we are.

From a urban point of view, Nyamate is the first village I see where buildings are organized along a square siding the road.

       * * * * * * * * * * 
XXXXXX * * * * * * * * * * XXXXXX
     X       square        X
     XXXXXXX shops XXXXXXXXX

One of the sad truths is: we met very little elders on our trip.

Another notable point is the absence of vehicles on brand new roads.

13th

In Kirundi, “Murakoze” means “Thank you”.

15th

The no‑man’s‑land between Burundi and Tanzania is five kilometres wide. What happens in this huge area?

Travelling through these different countries during our very short stay, a constant was the people (adults or kids) carrying water or food on the side of the roads. From time to time, a child shepherd and his goats remind me stories from my grand‑pa, or movies with Fernandel.

Tanzania is the first country where landscapes is radically different from the European or Chinese ones, with a savanna and acacias covering kilometres of land.

These children smiling and waving…

And my recurring question: “To what level do these people know of the world around them? To what extent?”

Is the true misery in the knowledge of what one could have or in what one has? These people don’t have electricity, no TV, probably no running water; no way of knowing what lies elsewhere. Which raised the question: “How far is elsewhere?”