Réponse à M. Pélisson à propos de la marche virtuelle en soutien à Charlie Hebdo

J’apprécie de moins en moins les mails envoyés massivement à un nombre de gens auquel l’expéditeur se permet de s’adresser comme si toutes les personnes incluses ne suivaient qu’une pensée unique et se rangeaient donc forcément à ses valeurs. Ce n’est donc pas tellement le mass‑mailing qui me choque, mais plus le ton employé dans la communication qui me fait réagir ici.

Quand un de ces emails jouent avec l’émotion ambiante pour organiser un rassemblement virtuel qui consiste à un clic sur un bouton, j’avoue être un peu désarçonné par le contraste entre la communication faite et les bienfaits d’une telle campagne.

Un e‑mail de M. Pélisson, Président de l’Union des Français de l’Etranger (UFE) propose donc de participer à une marche virtuelle par solidarité pour Charlie Hebdo. J’en suis d’abord resté coi, puis j’ai souhaité répondre par écrit  :

Monsieur Pélisson,

Votre email m’a principalement surpris car, contrairement à ce que vous dites savoir de moi, je ne suis pas particulièrement attaché à mon pays dans le contexte qui nous occupe, mais plus à une somme de personnes que j‘aime ou apprécie, quelque soit leurs pays, leurs origines, leurs croyances ou orientations. La notion de pays ne me semble en effet pas entrer en jeu dans l’attentat récent perpétré à Charlie Hebdo.

J’ai pleuré en me réveillant le 8 janvier, je suis allé à la minute de silence organisée vendredi dernier « à l’initiative des conseillers consulaires, de l’UFE Shanghai et sa region et de l’ADFE » car cela me semblait important, mais j’avoue ne pas être fier de constater que des dirigeants semblent céder à l’émotion ou utilisent celle des autres à leur avantage. Je serais au contraire ravi que tout amalgame soit évité, négatif ou positif.

J’aimerais également vous inviter à lire cet entretien récent avec Luz, dessinateur à Charlie Hebdo, qui résume assez bien ma pensée.

Travaillons ensemble, non pas par pays, par race ou par idées, mais parce que nous sommes tous différents et avons tous à apprendre.

Paix…

Georges Brasssens  : «  Mourir pour des idées  »

Mourir pour des idées, l’idée est excellente.
Moi j’ai failli mourir de ne l’avoir pas eu.
Car tous ceux qui l’avaient, multitude accablante
En hurlant à la mort me sont tombés dessus.
Ils ont su me convaincre et ma muse insolente
Abjurant ses erreurs, se rallie à leur foi
Avec un soupçon de réserve toutefois.
Mourrons pour des idées, d’accord, mais de mort lente,
D’accord, mais de mort lente.

Jugeant qu’il n’y a pas péril en la demeure
Allons vers l’autre monde en flânant en chemin.
Car, à forcer l’allure, il arrive qu’on meure
Pour des idées n’ayant plus cours le lendemain.
Or, s’il est une chose amère, désolante
En rendant l’âme à Dieu c’est bien de constater
Qu’on a fait fausse route, qu’on s’est trompé d’idée.
Mourrons pour des idées, d’accord, mais de mort lente.
D’accord, mais de mort lente.

Les saint jean bouche d’or qui prêchent le martyre
Le plus souvent, d’ailleurs, s’attardent ici-bas.
Mourir pour des idées, c’est le cas de le dire  ;
C’est leur raison de vivre, ils ne s’en privent pas.
Dans presque tous les camps on en voit qui supplantent
Bientôt Mathusalem dans la longévité.
J’en conclus qu’ils doivent se dire, en aparté  :
«  Mourrons pour des idées, d’accord, mais de mort lente.
D’accord, mais de mort lente.  »

Des idées réclamant le fameux sacrifice.
Les sectes de tout poil en offrent des séquelles.
Et la question se pose aux victimes novices  :
«  Mourir pour des idées, c’est bien beau mais lesquelles  ?  »
Et comme toutes sont entre elles ressemblantes,
Quand il les voit venir, avec leur gros drapeau
Le sage, en hésitant, tourne autour du tombeau  :
«  Mourrons pour des idées, d’accord, mais de mort lente.
D’accord, mais de mort lente.  »

Encor s’il suffisait de quelques hécatombes
Pour qu’enfin tout changeât, qu’enfin tout s’arrangeât.
Depuis tant de "grands soirs" que tant de têtes tombent,
Au paradis sur terre on y serait déjà.
Mais l’âge d’or sans cesse est remis aux calendes.
Les dieux ont toujours soif, n’en ont jamais assez.
Et c’est la mort, la mort toujours recommencée.
Mourrons pour des idées, d’accord, mais de mort lente.
D’accord, mais de mort lente.

Ô vous, les boutefeux, ô vous les bons apôtres.
Mourez donc les premiers, nous vous cédons le pas.
Mais de grâce, morbleu  ! laissez vivre les autres  !
La vie est à peu près leur seul luxe ici bas.

Car, enfin, la Camarde est assez vigilante.
Elle n’a pas besoin qu’on lui tienne la faux.
Plus de danse macabre autour des échafauds  !
Mourrons pour des idées, d’accord, mais de mort lente.
D’accord, mais de mort lente.

The lunchbox: some quotes

I think we forget things if we have no one to tell them to.

The wrong train can get you to the right station.

Pink Floyd: “Wish you were here” (“Wish you were here”; 1975)

So, so you think you can tell
Heaven from Hell,
Blue skies from pain.
Can you tell a green field
From a cold steel rail?
A smile from a veil?
Do you think you can tell?

Did they get you to trade
Your heroes for ghosts?
Hot ashes for trees?
Hot air for a cool breeze?
Cold comfort for change?
And did you exchange
A walk on part in the war
For a lead role in a cage?

How I wish, how I wish you were here.
We’re just two lost souls
Swimming in a fish bowl,
Year after year,
Running over the same old ground.
What have we found
The same old fears.
Wish you were here.