Paris - jour 2 / 25.02.2004 (part 1)

Gniiiiiiii...

J’entends un truc couler pas loin de mon oreille. Il pleut ?!

HA NON ! Pas la pluie !

Je me rappelle avec effroi de la bassine au milieu de la pièce, et cette note sur la lettre : "Attention ! Possibilté de gouttière au plafond en cas de pluies importantes. Ne pas dormir dessous ! ! !". Bien sûr, je dors où ? Ben dessous.

Ça ne doit pas être la pluie, je m’efforce vivement de penser que mes pieds ne sont pas mouillés, tandis que mon cerveau pessimiste lutte pour penser le contraire. En fait non. Il ne pleut pas... en tout cas pas dans l’appart. Je peux me rendormir. (putain que j’ai froid).

Le réveil sonne.

J’ai dit : « Le réveil SOOOONNE !!! »... gni !

J’ai froid. Aller. Lève-toi et marche... En fait non ; la tournure adéquate est : « bouge-toi et rampe ». Je fais donc la chenille dans mon sac de couchage jusqu’à la cuisine / douche, histoire de prendre une bonne douche... Alors comment ça marche déjà...

Ha oui. ouvrir modérément les 2 robinets, ensuite appuyer sur le "stop gouttes" pour que l’eau coule.
Ne pas oublier de fermer les robinets
.

Bien. Je m’exécute. L’air accumulé dans les tuyaux m’éclabousse au grand regret de ma Frustration... L’eau enfin chaude s’écoule du robinet magique. DU CHAUD !

Désespéré, je cherche tant bien que mal un quelconque truc chauffant, que je trouve sous la forme d’un petit appareil Rhino bien vite domestiqué. à fond. Figé devant, je regarde passer les minutes. Il faudrait que je prenne cette douche brûlante dont je rêve tant. Aller, j’y vais le sourire aux lèvres, en pensant au bonheur de la douche chaude.

Je rentre dans ce que j’appellerais dorénavant le « bac à légumes » de par ses dimensions restreintes. J’ouvre l’eau chaude. mmmmm....

mmmmm...

mmmmmMMMMMMMAIS C’EST GELE !

Oui, il ne fallait pas laisser couler l’eau le matin même en fait, car au lieu de mon quart d’heure humide et chaud quotidien, je n’aurais dorénavant que 2 minutes d’eau chaude. Un point c’est tout, et cela pendant une semaine. Je prends donc ma douche froide, après avoir tenté vainement d’attendre qu’elle veuille bien réchauffer (vite si possible). L’avantage est que l’appartement semble beaucoup plus chaud à ma sortie de douche. J’aime.

Bon... faisons vite. Je descends m’acheter deux pains au chocolat, et me voilà confronté à la réalité parisienne. Les prix n’ont strictement rien à voir. Erf... Je savoure mes pains au chocolat dégueulasses à 0.90€ l’un. Je me vengerais à Toulouse.

Petite étude rapide du plan d’action de la matinée, et en selle.

Je m’arrête à la gare du nord. Je note les traces blanches au sol. Le bois vit, c’est sûr. et c’est bien.

qui rythme les passages quotidiens de semelles épuisées ; j’aime et je prends en photo.

Descente sur la gare de l’est... bof. Je passe mon chemin et descends le boulevard de Strasbourg pour arriver au Citadium, rue d’Enghein. Et bien peut-être ne me croirez-vous pas, mais il n’y a pas de Citadium au 18 rue d’Enghein. J’ai demandé un peu partout, et au final, je me suis bel et bien planté d’adresse. Bonheur. Tout dépité d’avoir « perdu » une bonne heure (et ses poussières), je reprends ma route en direction de je ne sais pas où. Je longe la rue du faubourg Saint-Denis, et arrive sur la Porte de Saint-Denis. impression d’une autre planète. Un monument collé aux façades, avec quasiment aucun recul pour « l’apprécier ». J’hallucine. Impression d’un bouchon au bout du goulot.

Je trouve un banc pour m’assoir et ainsi reposer un peu mes pieds, et décider de la suite de ce parcours initiatique. Alors... Où vais-je aller ? Comment me rendre place de la Concorde ? mmmm, Le métro 8 semble pas mal. où puis-je le prendre ?... où suis-je ?! *an.archi se trémousse sur le banc pour voir où il est...*

Je me trouve à "Bonne Nouvelle"... ça alors ! C’est une BONNE N... Hum. Bon. Métro.

Arrivée à La Concorde. Je fais le touriste... Photo de

,

. Un camion passe devant à ce moment là. Je remercie les circonstances qui font que j’ai un numérique.... Ouf.

Direction le Showcase d’Audi, 6 rue Royale, but initial de ce trajet en métro. J’arrive et visite. Au bout d’un moment, une vendeuse (charmante... huhuhu) se met à mon service (j’aime bien cette tournure de phrase, tiens... :o) ). Je lui explique simplement que je suis plus là pour le lieu que pour le produit, ce qui la fait sourire. Un gars (responsable ?) me demande de lui laisser mes coordonnées pour pouvoir prendre des photos qu’il me demandera de ne pas diffuser. OK, elles ne seront donc pas dans la galerie.

Je remonte et prends

en photo (en fait non, c’était pour la Mini). Je vais me perdre dans la cité Berryer (Le village royal) qui est un passage entre la rue Royale et le rue Boissy d’Anglas. J’y trouve un

... :o) et un peu plus loin, une opération de bureaux au 33, 37 rue Boissy d’Anglas réalisée par Ricardo Bofill, et qui vaut le coup d’œil pour

, à mon avis (enfin... pas tout le temps non plus, mais au niveau calepinage, ils se sont éclatés).

Passage

en direction du Louvre après être passé place du marché Saint Honoré, qui devait être belle... autrefois ; avant d’être dévisagée par ce monstre de verre. Durant mon parcours, je tombe comme de bien entendu sur

... Retour aux sources. Comme pour me rappeler que je suis pas vraiment très loin, finalement, l’office du Tourisme d’Andorre (ou assimilé) juste après. :o\

Le Louvre : je prends

... puis dedans. La foule Nikonmaniaque tout autour de moi, je prends mon temps. Hum... Je vais être à la bourre pour le rendez-vous avec Sara... il faut encore que je mange, pour pas trop cher si possible.

Rue Saint Honoré, je croise

qui devrait être entièrement recouvert de « ça », à terme... dommage que ce soit toujours le même motif...

Je cherche un kebab, ou assimilé. impossible de trouver ça... J’hallucine. Les sandwichs sont super chers... C’est incroyable (bon... en même temps, je suis pas non plus dans le quartier adéquat...). Je trouve une boulangerie qui m’en cède un à pas trop cher... et zou... BEAUBOURG ME VOILA !!!

Enfin plutôt l’IRCAM, du coup. J’arrive devant la fontaine, personne, nickel. J’en profite pour jeter un coup d’oeil à l’expo à travers les vitres avant de retourner attendre.

Elle arrive... nickel. Un pigeon vole et m’effleure du bout de l’aile (le con). Je fais le con. Elle rigole. J’aime comme ça commence. Aller... La suite plus tard... :o)

Paris - jour 1 / 24.02.2004

16:40 : Je suis dans le train.

Plus de souffle, j’ai marché aussi vite que me le permettait mon sac un peu trop chargé, histoire de pas louper mon train qui part dans 8 minutes. Spéciale dédicace au chauffeur de bus qui m’a suggéré de prendre le métro, les travaux en surface rendant la durée des trajets purement aléatoires.

Note à benêt : Penser à chronométrer le trajet appart-gare pour éviter de stresser la prochaine fois.

16:58 : Ce con de train part avec dix minutes de retard. J’aurais pu me la jouer cool... J’aurais pu.

’tain c’est long... Heureusement que j’ai ces nouvelles de Dick... Merci astrée.

On approche de Paris... Le train a du retard... fait chier. Le coeur bat... chuuuuuut... ça va aller. C’est toujours pareil de toute façon. J’ai jamais l’impression de pouvoir être à la hauteur de quoi ou de qui que ce soit. Donc forcément, au bout d’un an et demi à se dire qu’on va se voir, ça fait bizarre.

Mouarf... Et ce train qui n’en finit pas d’arriver., on se croirait dans un mauvais remake de la grenouille dans le puit... Si à chaque fois la grenouille parcours la moitié du chemin qu’il lui reste à accomplir, parviendra-t-elle au bout de celui-ci ?

Descente du train... zen, Fabien, zen. Personne en bas... Elle doit attendre au bout du quai... Le seul repère que je puisse avoir pour l’instant dans cette ville. Oy ! Elle attend là. \o/

« sauvé ».

Rester naturel... essayer en tout cas. Optimisation du temps, merci la SNCF.

La rencontre sera de courte durée si je veux arriver jusqu’à mon lieu de résidence provisoire (j’ai du mal à dire « appartement »... Dans la famille, on a l’habitude de dire « orteil à terre » pour nommer cet endroit), et si elle veut pouvoir faire ce qu’elle avait prévu auparavant ; c’est peut-être pas plus mal, finalement... Première approche toute en douceur... C’est en tout cas meilleur pour mes nerfs.

Rendez-vous est pris pour le lendemain 14:30 devant la fontaine de l’IRCAM.

Mes pieds souffrent le martyre... J’ai bien fait d’acheter des chaussures neuves juste avant de partir en voyage : quel con.

Je découvre le métro parisien et son odeur d’œuf pourri (ou tout du moins à ce moment là)... bonheur :o). S’ensuit une marche qui me semble interminable... Je vais racheter des pieds aussi, je crois.

Arrivée dans l’orteil à terre... Je suis tiraillé par un énorme soulagement par rapport à ce que j’avais imaginé, et une envie de rire aux éclats... C’est tout petit, il n’y a pas de chauffage, Il y a un frigo, mais vu le bruit que fait le ventilo, pas moyen de dormir avec ça, la douche fait 40x50cm., et les chiottes sont de type « turque », dans une pièce accessible uniquement par l’extérieur et encombrée de diverses plantes de partout puisque je n’ai pas prévenu les voisins de mon arrivée.

Pas grave... Je vais me coucher, je suis crevé, et une semaine de folie m’attend.

zZzzzzz...

Philippe Arnaud  ; «  l’architecte, bâtisseur de la ville  ?  »  ; Mango document  ; Grèce  ; 2002  ; p. 57

[Henri Gaudin écrit : ] Ils avaient été à l’École des beaux-arts, ils croyaient qu’il suffisait de se soumettre à l’inspiration, ils ne savaient pas que l’affadissement, l’amoindrisssement de la création est davantage le fait d’une volonté de puissance qui pense pouvoir édifier sur une table rase que le fait de s’accorder aux complexités du réel.

Que ne savaient-ils que rien n’est plus serve qu’un «  plan libre  », plus malignement destructeur que de répondre à la revendication égalitaire de chacun à la vue, que rien n’est moins aérien que les espaces prétendus dégagés, n’est plus opaque que les immeubles qui se couvrent d’une membrane de verre, plus irrémissiblement étrangers l’un à l’autre que ceux qui ne jouent que de leurs reflets mutuels.

À force d’exclusion, le monde ne devient plus seulement invivable pour l’autre, mais pour tous. il nous faut traverser des paysages d’immondices que nous avons nous-mêmes versées sur ce que nous croyons être notre périphérie. À exclure l’autre, nous nous excluons nous-mêmes. À quel prix a-t-on éloigné les immigrés et les pauvres sinon à celui de la destruction de quartiers et de paysages qui sont notre vie même.

C’est vrai que si l’on devait prendre en compte chaque individualité, la ville serait vidée de pas mal de rues, de bars, de bancs associés à des souvenirs malheureux, là où pas mal d’autres seraient embaumés ou mis sous cloche afin de préserver ces moments magiques du temps qui passe... au lieu de tout simplement vivre avec et les laisser avoir leur vie (et donc leur mort) propre. L’homme (ou l’architecte) a tellement peu confiance en son talent qu’il veut préserver «  pour les générations futures  »… Pourquoi ne pas admettre que les bâtiments ont une vie, et donc une mort, et que l’on devrait pouvoir créer de nouveaux édifices remarquables  ?! Je reste persuadé que l’on peut faire bien. reste à le vouloir et à convaincre (toujours des histoires de sous...).

pompage.net

(en)

pompage.net est un collectif dont le but est de traduire des articles sur le webdesign afin d’en faire profiter la communauté francophone.

Malgré le hiatus actuel, le projet reste toujours une référence en terme d’articles sur le design web en français.

urbs, urbis...

Il y a de cela quelques siècles, était la ruelle, encadrée par les façades des bâtiments qu’elle enlaçait. il y avait une ville, extension du village… un peu désordonnée, laissée à elle‑même.

On a voulu y mettre de l’ordre, et creuser de grandes saillies bien droites par « hygiène » (comprendre « sécurité pour les bourgeois »). Ça nous a donné un beau quadrillage à la romaine, bien militaire (oui, je recoupe et mélange plein de périodes… Venez pas me faire chier).

Quelques esprits avisés ont ensuite décidé que des jardins plantés de tours, seraient une solution au peuplement urbain. On a maintenant de belles cités, vides, avec de jolis jardins un peu glauques (et des petits oiseaux aussi). Une fois de plus, on a fait le ménage du centre‑ville.

Et puis finalement, on s’est dit que politiquement correctement, on pourrait faire des petits espaces sympas, pas trop grands, et pas trop petits, avec des grilles pour filtrer les résidents (ça me fait penser aux grilles qui retiennent les objets un peu trop volumineux dans les stations d’épurations plantées de roseaux). Donc on a ces lieux qui se veulent intimistes, compromis entre l’agoraphobie et la claustrophobie.

Après l’extinction et la délocalisation, on tente la persuasion. L’architecture EST la politique, pas de doute là dessus.

L’homme est le cobaye de sa propre existence, et j’ai envie de foutre un grand coup de pied dans la fourmilière.